Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepúlveda

Le vieux qui lisait des romans d' amour,  Antonio José Bolivar, homme tranquille et placide, qui observe avec patience le monde qui l'entoure, se trouve obligé de partir chasser une grande panthère pour sauver son village. Voilà un résumé à la fois juste et complètement faux de ce livre. je comprends pourquoi l'éditeur qui a rédigé la 4eme  de couverture me parait aussi si mal présenter ce livre. En effet, l'auteur prend prétexte de cette histoire pour nous raconter l'histoire de 2 mondes qui s'opposent et s'ignorent, d'une culture occidentale qui vient envahir de façon intrusive et ignorante un monde traditionnel qui vit en bonne intelligence avec la nature qui le fait vivre.

Le ton n'est pas celui de la culpabilité, rien de dogmatique ou de didactique, juste une jolie histoire -voire une fable- pleine d'humour, d'émotion pudique, qui nous apporte le regard étonné et parfois un peu désabusé de ce "vieux" riche de la tradition et des valeurs de la forêt amazonienne face aux colons envahisseurs qui ne comprennent rien et pensent tout savoir. Et en même temps le vieux est fasciné par cet occident qu' il ne connait que par les livres -une de mes scènes préférées est la discussion du vieux et de ces "concitoyens" pour essayer d'imaginer ce qu'est Venise.

D'une certaine façon, ce livre présente aussi les dégâts que font ceux qui croient savoir lorsqu'ils imposent leur modèle sans prendre le temps de se rapprocher de ceux qui vivent réellement les situations. N'est-ce pas un péché du monde occidental de penser que son modèle et sa pensée doivent s'imposer à tous (maladie propre aussi à l'entreprise où les soi-disant "sachants" pensent pour ceux qui font. cf. Ch Dejours).

Enfin, c'est aussi un livre sur le plaisir de lire....et qu'on lit simplement avec plaisir.